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Les vertus de la consoude

Qu’on se le dise, c’est à juste titre que la consoude porte son nom. 

 

Depuis des temps immémorables, celle-ci est utilisée pour « favoriser la fusion des os ». A entendre ses diverses appellations « herbe à la coupure », « herbe aux charpentiers », ou encore « langue de vache ou de bœuf »… on sent déjà venir ce à quoi peut bien servir cette plante très appréciée des connaisseurs. Laissons-nous séduire à notre tour.


 

Consoude Photo

 


Qu’est-ce que la consoude ?


Faisons les présentations avec la “Grande Consoude”


La consoude est une plante vivace herbacée pouvant s’élever jusqu’à 1m de haut et présente dans la majeure partie de l’Europe. En France, vous la trouverez aisément à l’état sauvage jusqu’à la base de l’étage montagnard (600m), à l’exception du midi où elle se fait rare. En effet, Symphytum officinale est une plante qui affectionne les terrains humides, berges de ruisseaux et fossés, et autres sols marécageux…


De la famille des boraginacées, c’est une plante au toucher rugueux et poilu. Ses fleurs en cloche, sont de couleur blanches, mauves à violette, et fleurissent de mai à juillet. Elles se déploient en grappe scorpioïde (enroulée telle une queue de scorpion) en début de floraison. Ses feuilles sont alternes, ovales à lancéolées et décurrentes sur la tige (c’est à dire qui se prolonge sur la tige).


Sa voisine, la consoude tubéreuse, aux fleurs jaunes (Symphytum tuberosum) s’utilise de la même manière. Et sa cousine, la consoude de Russie (Symphytum asperum) aux fleurs bleues et aux feuilles non décurrentes sur la tige sera plutôt utilisée au jardin comme purin et cicatrisant pour les végétaux.

 


Reconnaître et connaître la consoude

 

Une plante à ne pas confondre

Avec ses feuilles ovales la digitale pourpre, hautement toxique, pourrait être confondue avec les feuilles de consoude. Mais la douceur de leur toucher vous ôtera d’aussitôt ce doute, car la consoude est toujours rugueuse. Une plante s’appréhende avec ses cinq sens, ici le toucher sera un indicateur de rigueur.

 

Une récolte en toutes saisons

Après vous être assuré de l’identité de la plante convoitée, vous récolterez ses feuilles d’avril à septembre et sa racine de septembre à mars.

Sa racine sera utilisée fraîche de préférence, mais elle peut être séchée après avoir été lavée puis tronçonnée, pour la conserver et l’utiliser ultérieurement.


D’un point de vue médicinal, c’est dans la racine de consoude que sont concentrés les principes actifs de la plante. Cependant, d’un point de vue pratique, il est aussi possible de préférer utiliser les feuilles fraîches, et ainsi préserver son dos (pas de bêche à utiliser) et la prochaine récolte. Car prélever la racine revient à devoir trouver une autre plante l’année suivante. A vous de choisir la stratégie qui vous convient.

 

Utile au corps et au jardin

Vous l’aurez compris, la consoude consolide les fractures osseuses et cicatrise les plaies.

En usage externe elle est vulnéraire, apaisante et cicatrisante des inflammations de la peau et de la bouche (grâce aux acides phénols). Elle favorise la régénération des tissus (grâce à sa teneur en allantoïne), mais elle est aussi émolliente (grâce aux mucilages), puis antibactérienne, antiprurigineuse, antalgique, et anti-œdémateuse.


 

Utilisation de la consoude

Une plante médicinale en usage interne et externe

On l’utilisera en usage local uniquement, en baume ou pommade, sur les plaies, infectées ou non, les ulcères, escarres, fissures anales, crevasses des seins, piqûres d’insectes, sur l’acné, les furoncles et le psoriasis. Et aussi en cas d’entorses, de douleurs aux genoux, lombaires, contusions, fractures ou tout autre traumatisme osseux.

 

Pour les troubles de la bouche tels que pharyngites, angines, stomatite, parodontoses, elle se prend en bains de bouche et gargarismes.

Pour tout traitement à visée thérapeutique, demandez conseils à votre naturopathe. Sachez néanmoins qu’elle est déconseillée en cas de grossesse et d’allaitement.


Une plante comestible

Il est courant de trouver des recettes culinaires à base de consoude. Cependant soyez vigilants, car la présence d’alcaloïdes pyrrolizidiniques, sont toxiques pour le foie et potentiellement cancérigènes du foie (hépatotoxique) en fait un aliment à consommer avec parcimonie et modération. Certains déconseillent fermement de la consommer par voie orale. Hildegarde de Bingen indiquait d’ailleurs déjà en son temps « la consoude prise sans raison renvoie la pourriture à l’intérieur », de quoi finir de vous dissuader…

Sa teneur en protéines et potassium, mais surtout en vitamine B12, particulièrement recherchée par les végétariens et végétaliens, en faisait pourtant un allié remarquable.


Une plante fertilisante - Le purin de consoude

Ainsi, ses vertus médicinales ont fait la réputation de l’Herbe aux charpentiers, mais elle fera aussi le bonheur des jardiniers. Et oui, la consoude peut s’utiliser au jardin comme fertilisant des sols sous la forme de purin.
Pour faire un purin de consoude :  ramassées ses feuilles au printemps, avant la floraison, tronçonnées, puis mises à macérer dans de l’eau jusqu’à obtenir une légère fermentation (indiquée par la présence de bulles). Lorsqu’il n’y a presque plus de bulles, votre purin est prêt ! Vous pourrez ainsi le filtrer et l’utiliser en dilution comme engrais naturel pour sublimer vos compagnes végétales.

 

Consoude - recette

C’est le moment de la recette ! découvrez maintenant comment fabriquer un macérât huileux cicatrisant à base de consoude

Remplir un bocal avec les feuilles, tiges et fleurs de consoude, que vous aurez tronçonnées grossièrement, puis recouvrir d'huile d’olive ou de tournesol BIO.

 

Etiquetez votre pot en indiquant le nom de la plante et la date de fabrication, puis placez votre bocal en plein soleil pendant 21 jours. La chaleur du soleil va alors induire une douce infusion, et les propriétés médicinales de la consoude se transmettre à l’huile. Le couvercle doit être placé sur le bocal sans pour autant être fermé hermétiquement, de sorte à protéger le contenu de toute autre herbe ou insecte, mais laissera aussi s’échapper l’eau contenue dans la plante. Au bout des 21 jours, filtrer à l’aide d’un linge ou d’un filtre à café non blanchi rempli de gros sel marin et mettre en bouteille teintée. Le sel servira de capteur d’humidité résiduelle et favorisera la durée de conservation de votre macérât. Fermez votre bouteille, étiquetez-la et conservez à l’abri de la lumière et de l’humidité. Un macérat se conserve 2 ans.

 

Sagesse de plantes : aller en profondeur…

Les médecins druidiques affectionnaient tout particulièrement cette plante, à la fois pour ses vertus mais également pour le message qu’elle nous transmet.

Cette plante guérisseuse aussi bien des tissus cutanés que des os nous apprend que chaque question doit être envisagée dans sa globalité et en profondeur : c’est-à-dire partir de la source et soigner jusqu’aux détails extérieurs.

 

Nos os, sont notre structure, comparables à nos « fondations », tandis que notre peau est notre enveloppe. Revenir aux origines, ancestrales, initiales, pour comprendre le présent, vous aidera dans votre cheminement. Du latin « symphue », qui signifie « je réunis, je soude », la consoude propose un trait d’union entre vous et le monde, espérant vous initier au détachement de votre héritage pour confirmer votre individualité.

 

Amie des hommes et des plantes, la consoude réunie, recolle les morceaux là où la vie a été blessante. Puisse t’elle nous inspirer pour apprécier nous aussi de renouer avec notre nature aimante.

 


Auteur : 

Sandra Depierre

Labo M – Naturopathe

Consultations et Ateliers sur les plantes médicinales

 


Sources :

· Larousse des plantes médicinales, 1997, Ed. Larousse-Bordas

· Plantes sauvages comestibles. Cueillette & recettes des 4 saisons. Edition Debaisieux. Guy Lalière, Christophe Anglade, Christophe Leray.

· Tela-Botanica, le réseau des botanistes francophones, www.tela-botanica.org

· L’oracle druidique des plantes, Philip et Stéphanie Carr-Gomm, Editions Véga.

· Le guide familial des plantes médicinales, Ed Mango, D. Lousse, N. Macé, C. Saint-Béat, A. Tardif, 2017.

 

 

 

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